En août 2020, ma vie s’est effondrée …

James AUDRY SPENCER
7 min readFeb 10, 2021

Je publie ici le cri de détresse d’amis qui se retrouvent dans une situation terrible, que je ne souhaite à personne et qui impacte gravement leur vie, celle de leur famille et surtout des leurs deux jeunes enfants.

Si vous avez, par quelque moyen que ce soit, possibilité de les aider à sortir de cette impasse, contactez-moi, ou à minima relayez ces infos à qui vous pensez pouvoir faire quelque chose.

Ils vous en remercient.

Ci-après le récit;

En août 2020, ma vie s’est effondrée …

Et les services de l’Etat m’ont abandonné

Je m’appelle Agnès, je suis une hôtelière d’un tout petit établissement Maison Pépouze classé 4**** en plein centre de Marseille. Je vis dans le même immeuble avec mon mari, Matthieu, mon fils Milo, 8 ans et ma fille Darlène, 4 ans.

Une carrosserie s’est installée dans un local adjacent à notre immeuble dans lequel nous vivons et avons une maison d’hôtes, la Maison Pépouze.

Dès le premier jour, les émanations d’odeurs et de poussière fine à l’extérieur mais aussi à l’intérieur des immeubles sont considérables. Les carrossiers n’ont aucune cabine ni ventilation. La Maison Pépouze est contrainte de rester fermée en août, imaginez, après le COVID. Si on m’avait dit à l’époque qu’en février je n’aurai toujours pas rouvert normalement… Les voisins de 3 autres copropriétés de la rue sont touchés, nous sommes aujourd’hui 4 copropriétés, 14 foyers, et 3 entreprises touchées.

Nous avons fait établir un constat d’huissier, qui n’a aucun appareil pour mesurer la qualité de l’air. Cela n’existe pas à priori pour les huissiers. Il fait donc un rapport parlant de ce qu’il a senti. On s’est donc dit que des instances publiques existaient, nous nous sommes fédérés avec les voisins et avons contacté les différentes instances. Nous n’avons reçu AUCUN RÉPONSE, AUCUNE :

  • Préfecture
  • Christine Juste, adjointe en charge de l’environnement, de la santé, de la pollution et de la propreté
  • DDPP
  • DREAL
  • Atmosud
  • Dirrecte
  • Sro Paca
  • ARS
  • CARSAT

Nous avons donc acheté un appareil qui mesure les particules fines, le formaldheyde et les COV. Notre immeuble a un taux de pollution identique à celui de New Delhi, soit 35 à 40 fois supérieur aux recommandations de l’ANSES. Les pompiers sont intervenus 2 fois nous demandant d’aérer l’ensemble de l’immeuble pendant 1 à 2 heures.

Ma fille, Darlène, 4 ans, est asthmatique. Elle fait habituellement 1 à 2 crises par an qui se gèrent avec de la ventoline et parfois solupred. Depuis août, Darlène fait de grosses crises chaque mois. 5 en 5 mois. Un traitement de fond pour son asthme a donc rapidement été mis en place. Malgré ce traitement, les crises continuent, toujours plus fortes. Elle a passé une radio des poumons il y a 10 jours et la pédiatre nous a expliqué qu’elle avait ce qu’on appelle un asthme « incontrôlé » qu’il fallait maintenant qu’elle prenne 2 médicaments chaque jour et qu’elle doit aller voir un pneumologue.

Mr D. Des services de l’hygiène nous a appelé fin octobre. Il nous informe que les carrossiers lui ont déclaré ne pas faire de peinture mais seulement de l’apprêt, donc ce n’est pas de son domaine de compétence. « Mais Monsieur D. L’apprêt est tout aussi polluant, sur la notice de leur produit, il est écrit qu’il faut l’appliquer dans un local spécifique en portant une bouteille d’oxygène. C’est un produit cancérigène et mutagène auquel il ne faut pas être exposé régulièrement sans protection » « ce n’est pas de la peinture, ce n’est pas mon domaine de compétences Madame ». Incrédule, stupéfaite, je raccroche, je bafouille, les larmes montent, la colère aussi …

Été comme hiver, 30 ° ou 2°, nous devons ouvrir les fenêtres tous les jours, notamment entre 16h et 20h, les émanations étant extrêmement intenses. Alors quand mes enfants rentrent de l’école, je leur dis, « enlevez vos chaussures mais gardez vos manteaux ! »

La qualité de l’air, dans les médias, on en parle tous les jours. « alerte particule fine » « pollueur payeur » « stop au diesel » « plan climat ». L’état a même été condamné pour la première fois pour inaction face au réchauffement climatique.

Si je vous écris ces lignes aujourd’hui, c’est parce que la santé de ma fille Darlène, 4 ans se dégrade, que je n’ai plus aucun revenu, que je ne peux même pas vendre du fait des émanations polluantes et que maintenant, ma famille est directement menacée par les gérants « j’ai fait de la prison, je vais t’envoyer des gars pour s’occuper de toi » « fais boire de la peinture à tes gosses, ca ira plus vite » « tu vas payer ».

Je suis prise au piège à regarder les instances faire un ping pong administratif.

Chacun arguant :

« ce n’est pas notre domaine de compétences »

« ils nous faut des mesures officielles »

« Une plainte, ça prend beaucoup de temps hein »

« c’est au maire de gérer ça »

« ils ne font pas de peinture, ils font de l’apprêt »

« on ne peut pas prouver que vous êtes tous mal à causes des émanations »

« Pouvez vous prouver que les odeurs de solvant viennent de la carrosserie ? Ça pourrait être autre chose ! »

« Vous ne pouvez pas prouver que Darlène va mal à cause de la pollution émises »

Le maire écologiste, Didier Jau, nous invite a appeler la police municipale et les pompiers. La police nous invite à faire intervenir le maire. Les pompiers nous disent qu’ils ne peuvent pas agir sur la cause puisque c’est la carrosserie. Les services de l’hygiène considère qu’il n’y a pas de problème puisqu’il n’y a pas de peinture donc aucune obligation quand aux installations. L’agence immobilière nous demande des mesures officielles de la qualité de l’air : l’Atmosud (en charge des mesures) ne répond pas.

Alors, voyez, quand je vois ma fille aller mal, de plus en plus mal, et que je n’ai plus aucun revenu depuis des mois, que je suis directement menacée et insultée et que j’entends leur agence immobilière me dire, « on va essayer de les faire partir à l’amiable » « ils veulent absolument récupérer leur caution si ils partent pour pouvoir s’installer ailleurs », ça me rend folle.

Comment croire au principe de pollueur payeur induit par différentes lois depuis 1995 puisqu’il n’y a personne pour constater la pollution : l’Atmo ne joue pas son rôle et les huissiers ne sont pas équipés d’instruments de mesure suffisant.

Nous demander d’attendre que la carrosserie soit d’accord pour partir, sans qu’ils soient inquiétés de quoi que ce soit, déplacer le problème, retrouver un local suffisamment petit pour ne pas être soumis aux obligations et (re)mettre en danger la vie des habitants de tout un quartier, c’est possible, même à l’heure où on nous parle quotidiennement d’écologie, y compris à la mairie !

Nous sommes aujourd’hui spectateurs malgré nous d’une situation dramatique qui nous renvoie à l’incapacité de toutes les institutions jusqu’à l’Etat de considérer cette pollution extrême comme un sujet URGENT et une mise en danger d’autrui. La situation des petites carrosseries a déjà été abordé au Sénat par Mme Marie Christine Blandin (Nord, écologiste) en 2014 … que s’est il passé depuis 2014 ? RIEN !

C’est sûr, je ne vous parle pas d’une grosse industrie qui pollue mais d’une SARL au capital social de 1000 € qui loue un minuscule local pour justement passer entre les mailles du filet. Parce qu’il existe aujourd’hui un vide juridique qui peut aujourd’hui mettre en danger la vie des habitants des centres villes. Il est complètement inconcevable aujourd’hui que nous devions mener un combat pour avoir le droit de respirer normalement chez nous. L’ONU a d’ailleurs prôné en juin 2019 que le droit à un air sain est un droit humain. Qu’en est il à Marseille, dans une ville fraîchement passée écolo ?

Je voudrais remercier l’ Association Santé Environnement France qui prend le temps de nous répondre et nous soutient pour avoir enfin un passage d’ AtmoSud : La qualité de l’air en Provence-Alpes-Côte d’Azur

Agnès, Femme, mère de famille et hôtelière en détresse

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